Articles par
Claire Dutrait
Personal Identification Number — relations urbaines #4
Prends le mode d’emploi et dis-moi, toi… Putain, j’y comprends rien à ce portable… Sinon on ira la voir, é sait faire, elle…
Elle est retrouvée… — relations urbaines #3
Et puis le rayon de soleil se fait plus jaune, la femme sort son porte-monnaie. Le garçon apparaît, en chemise blanche et gilet noir, moustache en gris et plateau sur la paume.
Nola like a pussy — relations urbaines #2
En route vers la IXème section, vers les digues, celles qui n’ont pas tenu, vers le lac Pontchartrain. Des travaux bifurquent la voie, signalétiques rouges et blanches. Ralentissement. Des ouvriers, plutôt noirs.
Décollement de la métaphore — relations urbaines #1
Eh quoi? t’as quoi dans les doigts ce matin? Mais il part pas! Tu vois pas? il veut pas se décoller! il veut pas partir…
À l’école de la ville
Comme chacun sait la carte scolaire n’existe plus, et pourtant une école se définit encore beaucoup par son territoire, et quand celui-ci est un espace sous tension, hérité, fracturé, il peut arriver que l’enseignant soit un peu dans les marges. Paroles d’un instituteur d’une petite ville de province.
Le fil de la skyline
Nuit. Chambre d’hôtel. Regard sur la baie de Hong Kong. Sonnerie du téléphone – AYA rouge en lettres majuscules– «Allô?» –couronne rouge sur une tour– «Oh salut! Comment tu vas? Enfin, bonsoir! ici… il est 11h, oui. J’ai la skyline sous les yeux, c’est… Ah?» –comme une tasse verte sur une autre– «…………..……… Oh non… c’est pas vrai…» –enseignes en blanc phosphorescent– «Ce matin ?……………………….. C’est pas vrai…»
Infernale densité
Je me souviens de «La vie mode d’emploi» de Perec, et pour lui, Hong Kong c’est l’enfer. Je me souviens des «miroirs profonds» et «des riches plafonds» de Baudelaire, et pour lui, Hong Kong c’est l’enfer.
Ta maquette
Là, tu poseras une forêt d’immeubles, une forêt profonde avec des arbres de géants. Oui, il en faut beaucoup. Non, tous hauts, très hauts. Tu penseras aux feuilles. Oui, les enseignes. Oh, de la couleur que tu veux. Tout ce que tu trouves. Enfin, du rouge et du jaune surtout. Pour la peinture des immeubles, des gris, perle et anthracite pour le centre, béton pour le reste, avec du vert ou de rose de temps en temps. Et des fenêtres par milliers.
La cymbale de cuivre et la tour d’argent
Les manifestants comme chaque semaine se sont retrouvés devant la Bank of China, verre noir à l’extérieur, granit noir à l’intérieur. Les banderoles sont déployées sur les palmiers en pots qui encadrent le parvis. La cymbale entonne sa litanie. Irrégulière et sans fin.
Hong Kong et les deux infinis
Que le visiteur contemple donc la ville entière dans sa haute et pleine densité, qu’il éloigne sa vue des objets bas qui l’environnent. Qu’il regarde cette brumeuse lumière, mise comme un néon éternel pour éclairer la baie des Perles, que la fenêtre allumée de son hôtel lui paraisse comme un point au prix de l’intensité dégagée par l’immeuble entier et qu’il s’étonne de ce que cette intensité elle-même n’est qu’une pointe très délicate à l’égard de celle que les enseignes qui constellent la skyline dégage.