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L’arbre des cieux de Tokyo

L’arbre des cieux de Tokyo

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On s’était donné rendez-vous sous la tour de Tokyo, il y a dans cette ville quelques signes architecturaux qui aident à se repérer dans l’espace, la tour est l’un des plus connus.

La tour de Tokyo est une tour rouge et blanche située dans l’arrondissement de Minato. Elle s’inspire de la tour Eiffel de Paris, mesure 332,6 mètres de haut (soit 8,6 mètres de plus que la tour Eiffel qui en mesure 324 avec son antenne). Elle a été achevée en 1958 et ouverte au public le 23 décembre de la même année. L’hiver, elle est illuminée en orange et l’été en blanc.

On s’était dit que, s’il faisait beau, cela nous permettrait de voir de là-haut l’un des plus beaux panoramas sur toute la ville. Besoin de prendre de la hauteur, voir Tokyo sous un autre angle. Mais ce matin-là, la visibilité était très mauvaise, les nuages bas coincés dans un ciel uniformément gris. Il pleuvait à grosses gouttes.

Au pied de la tour, nous avons finalement décidé de prendre un peu de recul, faute de gagner en hauteur, en rejoignant l’île artificielle de Tokyo. En attendant la navette, nous avons vu cette affiche publicitaire présentant la Tokyo Sky Tree dont nous avions entendue parler sans jamais parvenir à la voir, au fil de nos pérégrinations en ville. Le personnel du Port ajoutait chaque jour une nouvelle note adhésive, sous forme de compte à rebours, informant de l’évolution du chantier.

À la fin des années 50, en pleine période de haute croissance économique, la Tokyo Tower symbolisait les rêves de grandeur d’une population japonaise encore pauvre mais pleine d’entrain, solidaire et avide de prospérité. Plus de soixante ans plus tard, sur fond de crise et d’angoisse pour l’avenir, Tokyo construit une nouvelle tour, la Tokyo Sky Tree, afin de dynamiser l’activité touristique et économique d’une partie excentrée de la capitale.

Les promoteurs de la tour ont demandé aux habitants de choisir son nom. Plusieurs noms ont été évoqués : Tokyo Edo Tower, Tokyo Sky Tree, Mirai Tree, Yume Miyagura, Rising East Tower, Rising Tower. Finalement, le nom retenu a été annoncé le 10 juin 2008 : Tokyo Sky Tree, « L’arbre des cieux de Tokyo. »

Nous apprenions dans le train qui nous conduisait de Tokyo vers l’aéroport de Narita, que l’édifice vient d’atteindre ce mardi-là les 601 mètres, devenant ainsi, avant même son achèvement, la plus grande tour de diffusion TV autoportée du monde. La Tokyo Sky Tree est désormais plus élevée que la précédente détentrice du titre, la Tour de Canton en Chine (600 mètres).

Les deux plates-formes d’observation de la Tokyo Sky Tree, à 350 et 450 mètres, offrent un large panorama sur la ville. La nouvelle tour est construite au nord de Tokyo sur trois pieds qui lui assurent une stabilité maximale et une meilleure résistance aux séismes, l’archipel enregistre chaque année plus de 20% des séismes les plus violents recensés sur la planète.

Mais le séisme de magnitude 9 sur l’échelle de Richter, qui a eu lieu à 14h46, heure japonaise, le vendredi 11 mars, au large des côtes nord-est de l’archipel, suivi d’un dévastateur tsunami avec des vagues de plus de 10 mètres de haut, remet en cause toutes ces certitudes. L’antenne dominant l’ancienne tour n’a été que légèrement tordue lors du séisme, et finalement très peu de bâtiments endommagés à Tokyo (contrairement à toute la côte nord-est du Japon). Cette conséquence du séisme sur l’antenne pourrait paraître bénin. Mais la Tour de Tokyo transmet 14 signaux depuis son sommet : 9 de la télévision, parmi lesquelles celles de la NHK, de la Nihon TV, d’Asahi TV, de Fuji TV, et 5 de la radio FM (Tokyo FM, NHK FM), ainsi que les antennes de la Japan Railways. Cet incident montre donc sa fragilité et derrière elle, celle de la concentration d’un système de télécommunications et de transports. Et c’est tout un symbole au moment où le pays redoute de nouvelles répliques du séisme et s’inquiète des conséquences qu’elles pourraient avoir sur les installations nucléaires du pays, déjà mises à mal suite au tsunami.

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Le lendemain de la veille urbaine #20: la discipline

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Rome en arabesques — relations urbaines #6

1 Commentaire

  1. […] signal urbain, bâti bien haut pour donner à une ville sa fierté, émet aujourd’hui des signaux de détresse et d’espoir mêlés. Nous sommes à Tokyo, et Pierre Ménard, de Liminaire, vient écrire chez nous « l’arbre des […]

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