À quoi aurait servi, sinon, le pont — on ne pouvait croire qu’il cessait là, au beau milieu du fleuve, inachevé, vaguement suspendu au-dessus de l’eau grasse et noire qui coulait vers l’océan que l’on imaginait pas tellement loin que ça puisqu’il nous arrivait de sentir sur nos visages quelque chose de marin, une sorte de liberté…
Orianenstrasse

Il faudrait évidemment que j’y aille voir […] Un jour donc nous voici embarqués gare de l’Est […] Ce n’avait pas été sans quelques tergiversations et inquiétudes […] Naturellement la curiosité l’emporta […] J’espérais aussi améliorer quelque peu ma connaissance de la culture allemande […] Indissolublement balcon sur l’Est, balcon sur l’Ouest, elle est aussi balcon sur l’avenir et le passé.

Tant qu’il y aura des points de vue avec accès payant sur bijoux de pacotilles, tant qu’il y aura des entrées gratuites pour les enfants le long de cette artère fourmillante et crasseuse, tant qu’il y aura l’apéro offert au groupe en terrasse devant la façade 1933 d’un superbe immeuble de rapport, tant qu’il y aura le quartier libre dans la rue commerçante, ancienne Rue de l’église dédiée au roi, tant qu’il y aura des bus sightseeing avec écouteurs à brancher dans le siège mais sans musique…
tokyo_pmenard

Au début, c’est comme une distraction nouvelle. La ville ne construit pas son identité urbaine sur le passé mais sur le futur. L’épreuve de force est raisonnable. Une façon généreuse et risquée d’habiter le monde: comme chaque fois que le désir nous anime. La volonté de laisser un souvenir impérissable, faisons-le aussi pour l’énergie du futur.