Alors que la bouche du Mississippi avance sur le Golfe, le cours s’allonge, le gradient décline et la vitesse du débit ralentit, le sédiment se dépose on fond du lit, s’accumule, parfois tant que le Mississippi peut basculer dans un autre sillon, emprunter une déclivité et couper un bras.

Les dispersifs épandus dans le golfe par la British Petroleum ont piégé le brut de la marée noire, l’ont fait sombrer. La gangue molle et gluante attend à présent dans les fonds marins. Elle envoie en éclaireuses des particules de son corps de mort millionnaire.

Cicatrices mal cousues, dernière frontière, Nola ville sorcière, qui connait les coupures, le tranchant et son envers, entre ceux qui restent et ceux qu’elle laisse, les squelettes derrière les murs…

Le dixième anniversaire de Katrina est imminent et ce serait difficile d’échapper ici, à la Nouvelle Orléans, à l’effort de commémoration auquel participent toutes les institutions comme la presse, y compris internationale. Voici une brève chronologie des événements que l’on peut regrouper sous la catastrophe de l’ouragan Katrina.

Il y a trois ans, le 3 août 2012, un effondrement de terrain a « siphonné » un bayou de Louisiane et mis en danger 300 habitants, la plupart ayant été contraints de déménager. Il resterait aujourd’hui quinze personnes seulement dans ce coin d’Assumption Parish, près de Napoleonville.

À l’intérieur de ses centaines de kilomètres de murs de protection contre les inondations, la Nouvelle Orléans vit avec l’eau. Une relation ambigüe, car se débarrasser des eaux stagnantes et des marécages pour exploiter le foncier est un leitmotiv depuis le XVIIIe siècle.

Tu as mangé les noirs et tu vas noyer les blancs et la marée noire qui reflue en toi c’est la fin Nola c’est la fin de toi des noirs des blancs des texans des blues et des bayous des cajuns du jazz et de Mojo de Mojo René dans Crescent City