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Matthieu Duperrex

Matthieu Duperrex

Philosophe, co-fondateur et directeur artistique d'Urbain, trop urbain.

Alors que la bouche du Mississippi avance sur le Golfe, le cours s’allonge, le gradient décline et la vitesse du débit ralentit, le sédiment se dépose on fond du lit, s’accumule, parfois tant que le Mississippi peut basculer dans un autre sillon, emprunter une déclivité et couper un bras.

Les changements inédits de l’environnement obligent à reconsidérer toutes les alliances et rivalités entre les vivants. Le statut diplomatique des relations écosystémiques, legs inattendu de l’anthropisation effrénée de la Modernité, nous prédispose à leur défense contre des rapports unilatéraux à la terre dont l’aspect colonial éclate au grand jour.

L’histoire de la Terre se lit dans les sédiments comme dans un livre ouvert. Mais les sédiments fixent aussi dans leur jeune histoire ce que le sol rend de la marche industrielle forcée de la civilisation occidentale. D’où la nécessité de l’épreuve artistique de cette discordance des sols, des temps, des énergies et des représentations que signe le moment Anthropocène.

J’ai l’immense plaisir d’annoncer la parution prochaine (le 10 mai 2019) de « Voyages en sol incertain », un récit d’enquête entre littérature et essai autour des paysages contemporains des deltas du Rhône et du Mississippi.

On propose ici de prendre à revers la thèse heideggérienne selon laquelle «l’animal est pauvre en monde». Cette théorie est traversée d’un dualisme symptomatique de la Modernité. L’acosmie prêtée à l’animal devient alors plutôt un paradigme utile pour décrire le «cercle de désinhibition» qui régit cette Modernité, notamment avec l’avènement de l’anthropocène.

Les berges des rivières ou bien les îles fluviales ont souvent ce mystérieux potentiel de générer des histoires de ralliement à une communauté choisie. La peinture, la littérature et le cinéma prolifèrent de pareilles échappées pour l’imaginaire au bord de l’eau.

Du crassier d’abord, on ne sait pas de quoi il s’agit, c’est illisible et inhabitable , comme si nous étions tenus à la « mauvaise distance » d’une expression métamorphique, et c’est aussi souvent invisible, comme nombre de pollutions industrielles.

C’est François Bon qui vient de me l’apprendre. Philippe Rahmy est mort. Je me suis reconnecté temporairement sur Facebook et j’y vois, guère étonné, le flot d’hommages et d’émotion. C’est un très grand écrivain qui restera, personne n’a de doute là-dessus.

Et si Elisée Reclus écrivait aujourd’hui des cartes postales d’Amérique à son frère Élie ? Quelles seraient ses observations ? Une petite fiction sur le paysage et sur l’esthétique de l’anthropocène… Une communication donnée lors du colloque international « Postcard from the Anthropocene », University of Edinburgh.

Courte et stimulante exposition d’opportunité au Pavillon de l’Arsenal, à Paris, autour des dispositifs architecturaux du débat. Un commissariat par le collectif BAOBAB, Dealer d’Espaces.