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LECTURE URBAINE
Scène, dispositif, tracé et sens de la ville
« Nous sommes Sulukule »
Symbole de la mobilisation populaire contre des projets urbains discutables, Sulukule était l’âme Rom d’Istanbul. Des chercheurs et des explorateurs urbains ont rendu compte du processus de démolition de ce quartier. La documentation de l’histoire de Sulukule reste vivante, alors que tout est à présent rasé.
Petropavlovsk, ville du bout du monde
PK disparaît, et la civilisation avec — quelques kilomètres seulement et une improbable piste reliant les villages kamtchadales vous la fait oublier, un regret peut-être, avec le mal au reins. Quitter PK. Je me demande si PK n’est pas l’autre nom de ce que nous quittons quand la ville ne nous tient plus, qu’elle est un territoire sans essence particulière, un reflet dans la vitre d’un compartiment du train en partance.
À l’ombre des palmiers
Pointe-à-Pitre, jour de semaine, fin de matinée. Une fois l’averse tombée, les nuages plombés de gris se sont posés sur l’horizon, laissant le soleil saturer l’air d’humidité. À l’ombre des manguiers et des palmiers ébouriffés, la place de la Victoire monte en pente douce de la darse où chaque jour quelques barques viennent accoster pour vendre la pêche du matin, ou de la veille.
Petite typologie illustrée des butoirs montparnassiens
Bien que le 22 octobre 1895 en gare du Montparnasse les butoirs aient fait la preuve, aussi irréfutable que sublime de leur inutilité, la gare, réparée dans un premier temps puis reconstruite un peu plus loin, pas rancunière, leur a maintenu toute sa confiance et trois types de butoirs y sont aujourd’hui en service.
Ensuite, nous prenons Berlin: lorsque l’Est ne faisait qu’une bouchée de l’Ouest
La cartographie prétend représenter la réalité, de sorte que le lecteur d’une carte peut naviguer dans le monde, s’y repérer. Mais les cartes n’existent que parce que leurs auteurs manipulent la réalité, ne serait-ce qu’en sélectionnant ce qu’il s’agit de figurer sur elles. Les cartes contiennent toujours une part de vérité, mais jamais rien que la vérité.
La benne aux vieux noms
Parce que la poire, ou l’île, est une surface nettement délimitée, elle se reconstruit sur elle-même. La zone «reflets» (à cause de la tour Saint-Gobain, qui joue des siens) devient la vitrine la plus futuriste, au détriment même des grands élancements des tours-pouvoir (Total, Areva, EDF). Alors certains secteurs, qui furent dépositaires de ce futurisme une décennie, s’abandonnent et gardent la vieille signalétique grise. La signalétique grise divise la poire en huit, avec des numéros.
L’écologie graphique de la ville et sa disparition
Si la ville naît avec la sédentarisation des hommes, son développement a pour corollaire le recours aux signes. Les traces d’autrefois n’ont rien à voir avec celles que nous connaissons aujourd’hui. Mais dès Sumer, Éphèse, Pompéi, Tikal et ailleurs, trois types de signes —institutionnels, mercantiles, sauvages— sont bien présents, et se sont installés dans notre espace urbain. Comment en faire le répertoire? Comment penser leurs connexions? Comment, aussi, les oublier?
L’anarchitecture, une lecture urbaine par déconstruction
Des architectures solitaires décomposées en fragments à l’espace dépossédé et projeté, l’anarchitecture est une méthode spirituelle, une nouvelle psychogéographie du paysage urbain qui a pour but de nous détacher un temps du pouvoir d’accoutumance et de neutralisation de notre culture perceptive.
Le sport, le marchand de godasses et l’espace public urbain
Les pratiques sportives urbaines sont le terrain de chasse des vendeurs de godasses. Dès les années 1920, le lobbyiste Edward Bernays expliquait ainsi aux industriels qu’il fallait «construire des consensus» pour que le grand public consomme. En effet, la publicité seule ne fait pas consommer un produit, il est nécessaire de construire une histoire, de pénétrer l’inconscient collectif de façon très organisée, avec les leaders d’opinions de chaque groupe social.
Pas folles, les herbes #2 Madrid
Madrid est une ville minérale. Tant de dalles de granit, de bâtiments larges et solides, de passants sur les trottoirs, dans les rues, les ruelles ont évacué la vie des plantes sauvages. Et la période de Noël ne change rien à l’affaire…