Les femmes portent des pantalons courts bouffant imprimés de grandes fleurs couleur vermeille. Elles extirpent, rire tous éclats, le matelas du haillon de la voiture familiale. Le parasol qu’elles plantent ensuite avec vue sur la baie, à côté des autres : toutes les épouses sont là, qui jouent et cuisinent sur leurs matelas calées dans les joncs en attendant les pêcheurs. Les pêcheurs, hautes cuissardes et larges chapeaux de paille, avancent et puis reculent imperceptiblement dans le bassin rectiligne du môle Graveleau, à leur tâche, épuisettes et longue gaule. Au terminal à conteneurs, les géants bleus sont à l’arrêt le dimanche. En face, les usines de Fos-sur-Mer crachent et expirent de tuyaux hirsutes.

Mon grand père travaillait en Camargue après la guerre. Pour le riz, tu sais ! Mais les autres vietnamiens avec qui je pêche ici, c’est surtout des boat people. Près des digues à cette saison, tu as des daurades royales. Très bon. Les restaurants te les prennent un bon prix. Elles aiment bien les bordures rocheuses. Attention, elles mordent fort et tu peux casser. Il te faut du bon fil et l’épuisette, très important l’épuisette.