Articles répertoriés pour

Rome

Au soleil de la Toussaint, soixante statues de Carrare ayant perdu leur coryphée composent un faisceau de regards immobiles, étrangement sereins, aux rets desquels viennent ici courir les athlètes d’Italie, entre la villa Madama et le ponte Milvio, au Foro Mussolini. Le Stadio dei Marmi jouxte l’esplanade de la Casa Littoria, siège du Parti, où Achille Starace prononçait ses discours, et si ces derniers volètent aujourd’hui en silence entre les pins du monte Mario, dans un paysage romain qui serait brossé par Chirico, l’inscription DUX demeure toujours bien lisible à l’entrée du sanctuaire sportif…

À Istanbul, pas de repère phare, politique ou religieux, mais la Ville: commerces en tout genre et transports s’y développent et semblent prospérer.

Il s’agit d’une œuvre complexe que l’architecte Zaha Hadid a patiemment fait sortir de terre à Rome durant une décennie où se sont multipliés pour elle les concours remportés à travers le monde. Le MAXXI est en quelque sorte l’hypotexte de cette success story de l’architecture «paramétrique».

Leurs chaussettes se promènent en arabesques sur les tapis, sur les plus grands tapis, les yeux sur les plus belles arabesques de béton, les arabesques de la plus grande mosquée d’Europe.

Voir Roma à l’adolescence, c’est être Fellini sans savoir que c’est lui, d’ailleurs ce n’est pas lui, être un beau jeune homme habillé en blanc qui descend du train, refuse un briquet, découvre la ville en ouvrant une porte, tombe dans une pension à multiples trappes…

Renzo Piano ne démentira pas Nietzsche. L’art plastique est apollinien, tandis que la musique est d’essence dionysiaque. L’architecte déploie une affirmation douce, en retrait du débordement intempestif du geste, trop souvent attaché au design contemporain.

Toujours à Rome par mille voies les ragazzi sur liberty les enfants du tramway graffité toute la famille sainte des faubourgs à Saint-Jean de Latran à la Garbatella de Cinecittà aussi ou bien venus de via Portuense ou d’Appia Nuova descendent le Janicule remontent du Village olympique coupent Nazionale évitent le Corso Vittorio Emmanuele puis encore de toutes les places aux marchands de glaces et hors les murs antiques…

Rome a possédé jusqu’à onze aqueducs pour alimenter ses fontaines publiques, ses thermes et ses citernes de quartier. La campagne romaine conserve encore la trace des arcades majestueuses de cet urbanisme de l’eau. La généralisation du béton dans le gros œuvre et l’exploitation des mines de plomb d’Espagne ont été deux conditions matérielles favorables à l’augmentation exponentielle de la quantité d’eau claire acheminée à Rome.

Contrairement à ce que notre manie occidentale de la patrimonialisation des villes laisse accroire, Rome n’a eu d’éternelle que sa prodigieuse aisance à changer de physionomie. Faut-il désormais se tourner vers les mégalopoles du futur pour s’émouvoir à nouveau de la passion destructrice de la reconstruction de la ville sur elle-même?

Un jour viendra peut-être où sur les ruines/ Des monuments romains/ Pèseront les troupeaux, et où les sept collines/ Subiront la charrue; peu de soleils/ Auront tourné, peut-être, avant que le renard/ N’habite les cités latines et que les arbres/ Ténébreux ne murmurent dans leurs enceintes…