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LANGUE URBAINE

Trajet du récit, espace de langage de la ville

Tant qu’il y aura des points de vue avec accès payant sur bijoux de pacotilles, tant qu’il y aura des entrées gratuites pour les enfants le long de cette artère fourmillante et crasseuse, tant qu’il y aura l’apéro offert au groupe en terrasse devant la façade 1933 d’un superbe immeuble de rapport, tant qu’il y aura le quartier libre dans la rue commerçante, ancienne Rue de l’église dédiée au roi, tant qu’il y aura des bus sightseeing avec écouteurs à brancher dans le siège mais sans musique…
Shadows on skyline

Nuit. Chambre d’hôtel. Regard sur la baie de Hong Kong. Sonnerie du téléphone – AYA rouge en lettres majuscules– «Allô?» –couronne rouge sur une tour– «Oh salut! Comment tu vas? Enfin, bonsoir! ici… il est 11h, oui. J’ai la skyline sous les yeux, c’est… Ah?» –comme une tasse verte sur une autre– «…………..……… Oh non… c’est pas vrai…» –enseignes en blanc phosphorescent– «Ce matin ?……………………….. C’est pas vrai…»
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Je me souviens de «La vie mode d’emploi» de Perec, et pour lui, Hong Kong c’est l’enfer. Je me souviens des «miroirs profonds» et «des riches plafonds» de Baudelaire, et pour lui, Hong Kong c’est l’enfer.
8_25_Michael Wolf_Informal seating arrangements, Hong Kong_207

Les manifestants comme chaque semaine se sont retrouvés devant la Bank of China, verre noir à l’extérieur, granit noir à l’intérieur. Les banderoles sont déployées sur les palmiers en pots qui encadrent le parvis. La cymbale entonne sa litanie. Irrégulière et sans fin.
Baie de Hong Kong

L’onde s’épuise dans une stagnation méphitique. La rade sursoit aux promesses de continuité. Dans tous les ports du monde mouillent les souvenirs qu’on puise à la surface étale de la mer.
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Il y en a qui marchent en arrière, à un ou deux /Il y en a qui marchent en balançant des bras /Il y en a qui marchent avec les deux mains entre les omoplates et leur face s’ouvre sur la face du monde /Il y en a qui marchent en frappant dans les mains un rythme qui n’est pas celui de leur pas /Il y en a qui marchent en leur rythme
Baidu-Shanghai-1

En vrac d’abord, puis très vite, rassembler les souvenirs, classer les visions, ranger les pensées. Tout plier en tout petit, les papiers découpés des trajets dans la ville. Définition de la rue: espace viaire caractérisé par la circulation qu’il permet et par la distribution des fonctions de la ville qui l’encadrent (commerces, services, travail, habitat, etc.). C’est trop court. On dépliera plus tard.
Paire de vendeuses

L’ouvrier, la shanghaienne, la dame au linge, les vendeurs à la paire, la jeune femme au scooter, les gens du marché, le commis libraire, le serveur du Bar Rouge, le chinois d’enfance… Et voilà. Et tu sais maintenant pourquoi tu étais là.
Pudong éteinte

Et là, devant Pudong, toutes lumières éteintes à trois heures du matin, c’est l’image même du milieu, neutre et fade. Aucune pensée ne vient, aucune sensation, aucune extase, même pas en souvenir des mille et mille scintillements de la tombée de la nuit sur la city depuis le pont versicolore de Waibaidu. On se dit qu’on est là et c’est tout.
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Ces deux Shanghaïennes en tailleurs nous emmènent jusque devant les raviolis recherchés. Elles vérifient régulièrement qu’on les suive, du coin de l’œil. Loin de toute promiscuité.