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Les arènes de Nîmes

Les arènes de Nîmes

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à cinq vous passez la grande porte voutée et voici la coursive large par où circulent des buveurs cherchant derrière les jours alternatifs sur la ville les passages vers le son au-delà des murs épais vous prenez une bière puis l’escalier qui soulevait hautes les toges pour arriver au premier pallier des échafaudages en métal devant les sourdes basses qui les traversent et ton diaphragme d’emblée en gradins au dessus des antiques en pierre qui tournent érodées par les siècles de sandales qui montent encore à l’étage des femmes puis des esclaves d’où le paysage est vaste et l’arène s’étale en une foule clairsemée et peu mobile encore tout entière dirigée vers la source aigüe de la scène large noire qui frappe en descente cette fois les marches foulées pour retrouver l’entrée des citoyens soudainement lissée par une danse qui vous saisit les pieds les jambes en farandole monte à la taille et vous balance les bras en march band dans la rue intérieure entre pierre et métal la première et métal et pierre la seconde plus tard où trébuchera ton talon après le premier set avant qu’un bloc d’air gras vous rappelle aux dents blanches sous les cheveux frisés et gominés qui vous ont laissé passer une fois déjà celles d’un Numide peut-être un de ceux qui ont fait la révolution ou un de ses frères en foule qui maintenant s’épaissit au fond de l’arène et s’amasse vers les hautes baffles mates qui desserrent et enserrent les côtes sous les T-shirts blancs se colorant dans le soleil bientôt noyé derrière la muraille où se dressent des gardes dans le contrejour du soir en bleu aux bottes lacées desquels des trainées rouges et jaunes balaient de leurs cheveux les bras qui se lèvent en sévillane après que tes yeux confient ta bière aux pieds d’une image de vestale en offrande aux gladiateurs qui pourraient se lancer dans l’arène maintenant si elle n’était pas pleine déjà de la nuit tombée dedans et de ton rire qui enfonce ses commissures dans tes joues tes pommettes s’échappent mais tes yeux les maintiennent dans les cercles pressant le rythme de tes cheveux malaxés par les trois mains du soir qui te balancent et te soufflent le vent qui vient de la mer tiède mal gardé par les marbres au sommet des murs qui ne savent pas la brise qui leur file entre les jambes ni l’arène qui s’étend et s’élève colossale ni le cri de la plèbe fascinée par la pluie de foudre allumée en paillettes ni le silence finissant son espace qui suit la montée chromatique pendant que la foule mugit comme l’âme d’un taureau s’égrenant sur le sable laissant couler à ses oreilles un dernier filet rouge d’ultrason empreinte claire qui s’annonce la dernière mais des sifflets la chassent et les secousses celles-là ou d’autres reprennent le satyre qui sur une planche souple et blonde frise au vent doux tendu par le fil des yeux d’un soleil noir présentant son écran de lumière à la ronde des joues pressées entre deux bouches de masques déployées en voix que tu n’entends pas entre tes cils qui s’allongent maintenant jusqu’à la croix surgie qui précède le martyre d’une sainte bientôt déchirée par les rugissements sur sa peau blanche acérés sous la crinière de bière d’un lion enlacé encore dans les rets des danseurs saccadés du rite païen qui se dénoueraient à coups surs si l’ensemble de l’arène ne se dégonflait pas soudain sous le voile du son qui s’envole en étoiles dans la nuit revenue à elle et elle à vous

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Auparavant

Détroit je t’aime, ou la révolution urbaine «DIY»

Ensuite

Périph’Strip, démarrage du projet

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