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Je me souviens de «La vie mode d’emploi» de Perec, et pour lui, Hong Kong c’est l’enfer. Je me souviens des «miroirs profonds» et «des riches plafonds» de Baudelaire, et pour lui, Hong Kong c’est l’enfer.
Escalators de Peak Tower

Espace singulier dont la spécificité passe pourtant inaperçue… De la cave au toit, l’escalier délimite pourtant l’habitat. Jusqu’à la concurrence de l’ascenseur, son parcours clôt l’édifice dans sa raison d’être. Il «dessert»: pesons toute l’ambiguïté du verbe. Épreuve physique, l’escalier est le plus ingrat et asséchant des modes de déplacement. Instrument de sélection, il nie toutes les frictions mécaniques qui ne soient celles du piéton en bonne santé. Mais sans même parler de «concurrence», le monde mécanisé et automatisé a introduit du jeu dans la phénoménologie de l’escalier.
Grands immeubles-tiltshift

Là, tu poseras une forêt d’immeubles, une forêt profonde avec des arbres de géants. Oui, il en faut beaucoup. Non, tous hauts, très hauts. Tu penseras aux feuilles. Oui, les enseignes. Oh, de la couleur que tu veux. Tout ce que tu trouves. Enfin, du rouge et du jaune surtout. Pour la peinture des immeubles, des gris, perle et anthracite pour le centre, béton pour le reste, avec du vert ou de rose de temps en temps. Et des fenêtres par milliers.
Kowloon Walled city en 1990

Walled City prend naissance dans une ancienne place fortifiée chinoise du XIXe siècle, entourée du village de Kowloon. Lorsque les britanniques prennent possession des «Nouveaux territoires», en face de Hong Kong, cette enclave demeure sous souveraineté chinoise.
8_25_Michael Wolf_Informal seating arrangements, Hong Kong_207

Les manifestants comme chaque semaine se sont retrouvés devant la Bank of China, verre noir à l’extérieur, granit noir à l’intérieur. Les banderoles sont déployées sur les palmiers en pots qui encadrent le parvis. La cymbale entonne sa litanie. Irrégulière et sans fin.
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Que le visiteur contemple donc la ville entière dans sa haute et pleine densité, qu’il éloigne sa vue des objets bas qui l’environnent. Qu’il regarde cette brumeuse lumière, mise comme un néon éternel pour éclairer la baie des Perles, que la fenêtre allumée de son hôtel lui paraisse comme un point au prix de l’intensité dégagée par l’immeuble entier et qu’il s’étonne de ce que cette intensité elle-même n’est qu’une pointe très délicate à l’égard de celle que les enseignes qui constellent la skyline dégage.