L'accident vous guette—©Urbain, trop urbain

Il faut sauver les phénomènes (sôzein ta phainomena), comprendre que ce monde va vers des «agencements d’écumes», comme le décrit Sloterdijk, et qu’il est plus que jamais utile — et beau ! — de quitter le fétichisme de la substance pure.
MAP-Taipei-©Aram Bartholl

Une foule sentimentale investit le monde comme «expérience», et donne corps à la ville. Entrons, reconnaissants, dans cette respiration, et que nul ne se soucie plus de l’arithmétique des rues et avenues de Manhattan sinon comme suite d’équations sans résolution.
The last child left behind - DEMILIT

Aux non-lieux du paysage urbain répondent de terribles solitudes morales. Allez-vous inscrire un « Follow us » sur votre maison pour rompre cette solitude? Argonaute moderne ou Robinson sur son île de béton, le solitaire se noie plutôt, quand il le peut, dans l’activité industrieuse, seul point de raccrochement à une condition moyenne, supposée la meilleure pourvoyeuse du bien-être.
Dogville

Les traditionnelles métaphores emboîtées de la ville qui la ramènent à un organisme ont l’avantage de dire l’entremise du lieu, sa dépense de liaison entre organes disparates, mais elles impliquent une téléonomie insupportable. Or, la ville est sans finalité. L’espace de la ville fournit des écarts à la norme, hybridations et bricolages du quotidien au bénéfice d’inventaire du poète ou du tératologiste.
Thermes de Caracalla dans Google Sreet View

Il faudrait se pencher, localement, sur les héritages urbains «inconfortables», sur les opérateur de mémoire collective qui disent vraiment le lieu et rien que lui mais qui ne sont pas dicibles dans le langage stéréotypé du patrimoine. Oui, il faudrait ne surtout pas se concentrer sur la labellisation des territoires à laquelle participe l’UNESCO et désormais, Google.
From the Washingtown Hotel in Rikuzentakata—©David Gilkey

Alors écoutant le mix des fréquences de police de New York ou bien d’une autre métropole, peu importe, je survole la ville hypnotique à travers un œil-caméra aléatoire. La grille des avenues perd son caractère euclidien et l’espace se tord et se séquence en tranches dans ce parcours sans visée particulière.