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architecture
Le lendemain de la veille urbaine #12: l’ingénierie
La notion de structure a une histoire qui la rend porteuse d’un certain nombre de clivages, notamment idéologiques et professionnels: opposition du beau et de l’utile, conflit d’autorité entre architecte et ingénieur. L’autonomie esthétique des structures contemporaines ne signifie pas pour autant que ces clivages sont irréductibles: elle désigne au contraire un point d’articulation de l’ingénierie avec la création artistique.
C’est du style
Comment définir le style? Peut-être comme une «allure» de la vie individuelle qui contamine un à un les éléments de l’existence matérielle et en nourrit les rapports symboliques et fonctionnels, par delà toute séparation académique entre les arts et les techniques — de sorte que derrière une simple communauté de goût, apparaisse quelque chose de plus transcendant, et même une civilisation de rattachement, que l’on puisse épouser en pleine autonomie.
Le lendemain de la veille urbaine #10: le postmodernisme
Comment en étais-je arrivé à ce canard? Je ne sais. Quoi qu’il en soit, cette semaine, j’ai cru l’espace d’un moment que Big Duck — le plus célèbre représentant de cette architecture de bord de route où le bâtiment prend la forme du produit qu’il distribue — avait disparu de son implantation le long de la route 24 à Flanders, à l’entrée de Sears-Bellow County Park (dans l’État de New York).
Le lendemain de la veille urbaine #9: la musique
Le sens de la musique se mesure « se faisant », pour le compositeur, s’écoutant, pour l’auditeur; la «construction» du temps musical est toujours « en train », sans expression autre que celle de son propre ordre. Concrétion de la durée, pétrification de la période du présent, l’architecture parachèverait dans l’équilibre de ses ordres quelque chose qui tienne pour nous de la beauté du temps musical.
Rome vibratoire
Renzo Piano ne démentira pas Nietzsche. L’art plastique est apollinien, tandis que la musique est d’essence dionysiaque. L’architecte déploie une affirmation douce, en retrait du débordement intempestif du geste, trop souvent attaché au design contemporain.
Le lendemain de la veille urbaine #8: la lumière
J’ai récemment pu voir à Shanghai — autrefois surnommée le «Paris de l’Asie» — combien la fantasmagorie de la «ville lumière» demeure encore sensible, depuis l’inauguration de l’Exposition universelle de Paris, en 1900, et son Palais de l’électricité, au sommet duquel caracolait de mille feux un «Génie» éponyme.
Le lendemain de la veille urbaine #5: l’accélération
Ils disent l’époque des télécommunications et des enseignes lumineuses: «Bébé Cadum vous souhaite bon voyage / Merci, Michelin, pour quand je rentrerai / Comme les fétiches nègres dans la brousse / Les pompes à essence sont nues». Ils disent les voyages en transatlantique, les prospectus, les sténo-dactylographes ou les aérodromes: «La religion seule est restée toute neuve la religion / Est restée simple comme les hangars de Port-Aviation».
Le lendemain de la veille urbaine #4: la maison
L’habitat prétendument «à l’écoute» de ses habitants, dont les capteurs devanceraient même les attentes, fonctionne à rebours de nos espaces bricolés, contingents, aux logiques d’appropriation floues. On se demande quelle domestication la domotique vise en définitive, celle des technologies ou bien la compliance des hommes à leur pharmakon?
Le lendemain de la veille urbaine #2: le pli
Une astuce, un différentiel de matériau, une intrication du muscle et du logiciel que surplombe un artifice juridique… La technique est affaire de «pli sur pli», comme le dit Bruno Latour dans un texte que nous découvrions cette semaine. La vie urbaine est l’occasion d’en expérimenter tous les jours les implications.
Peut-être Dubaï
Quand bien même mes impressions auraient été influencées par la période de ramadan dans laquelle je me trouvai plongée, et par l’ambiance de crise économique qui y règne depuis quelque temps, pourrait-on appeler «ville» une cité qui n’aurait ni centre, ni histoire, où les rues ne seraient faites que pour les voitures, où il n’y aurait pas de trottoir, où les habitants sembleraient absents, où tout se confronterait sans jamais se faire face?