Le temps des cerises — Relations urbaines #14
Ici, comme tous les jeudis, un instant dans une ville, de ceux qui signifient qu’on était là, pris dans la trame des mots des autres. Ici, Urbain, trop urbain les relate et rien n’aura eu lieu, que le lieu, excepté, peut-être, une constellation…
Le gai rossignol : souviens-toi de la pluie ce printemps, de la pluie de pétales en échappée belle lorsqu’il en pleuvait sous les lourds nuages gris, des lucioles envolées comme un souvenir du Japon sur les toits de la ville, sur l’asphalte de la ville les pétales des cerisiers, des cerisiers du Japon ce printemps. Et tout s’illuminait.
Le merle moqueur : et des belles gorgées la folie en tête, du temps des pavés, du temps des foulées inespérées, tu sais, les mois de mai, les pendants d’oreille aux roses pareilles descendant les grands boulevards, remontant les barricades le cœur en cerises gonflées au cœur des barricades. Souviens-toi. Les cerises ont pleuré en gouttes de sang, il y a 140 ans.
Derrière la vitre du tramway des cerises en enclos passent entre les villas. Un homme assis au bord regarde passer les cerises et les enclos sous sa casquette devant les villas. À ses oreilles dans le tramway le gai rossignol, le merle moqueur rient des cerises bouffies de suc mises en rang dans les enclos des villas. Mais lui ne rit pas aux promesses des cerises déployées.
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