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Yahya Kahya — Choses qui montrent qu’un quartier ne dure pas

Yahya Kahya — Choses qui montrent qu’un quartier ne dure pas

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Un arbre entre quatre murs. Une hirondelle, un corbeau à deux couleurs, un moineau et un chat. Pas une feuille.

Trois garçons sortent de l’école barbelée et pissent en contrefort. L’un vers le nord, les deux autres vers l’ouest et l’est.

Les mères attendent derrière les barreaux ouverts aux solides façades, et rattrapent jusqu’au terrain vague leurs filles jupe écossaise et leurs fils costume avec la laisse de leur voix.

Aux toits s’agrippent des haillons de murs en bois, en pierre, en brique en ciment, en sacs entassés dans de la terre. Sacs de poussières qui ne reviennent pas à la poussière.

La mâchoire de la ville se balafre d’un parking sur la colline encore bariolée — et les dents creuses des immeubles cariés attendent l’or des spéculateurs. Yahya Kahya est à Istanbul sa bouche de gitane qui oublie de chanter.

Même l’éboueur avec son diable ne passera pas dans toutes les rues, ruelles, passages en naufrage de la ville qui s’échappe par ses poubelles, ses fatras de bois et ses ordures en plastique éventré par les chats.

Les appels des muezzines, à force de jeter leurs chants contre les murs de jour et de nuit, ont coloré les corbeaux du zinc des mosquées, et les tourterelles de brique. Tant d’hommes à ramage pour le plumage des oiseaux !

Sous le ciel gris au large horizon un feu lent consume la ruine.

*


*

Auparavant

M’en retourner jeter les hardes du vieil homme dans le Mississippi

Ensuite

Une île dans le bitume

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