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Le belvédère du Levent

Le belvédère du Levent

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La tour Sapphire est la plus haute de Turquie, 261 m avec l’antenne. Alain Robert l’a déjà escaladée, ce qui suffit à son baptême (elle a été officiellement inaugurée le 4 mars 2011). Dans un quartier prétendument financier, mais qui trouvera peu de points de comparaison avec les autres cities, c’est une élégante structure élancée de 54 étages au profil de Lambda. Sa double peau écaillée de verre haute performance, qui en fait un objet écologique, dissimule un noyau de béton armé. Un ascenseur rapide Otis nous emmène d’une seule traite à la plateforme d’observation.

Une vue à 360° sur Istanbul depuis ce belvédère instruit le visiteur d’une foule de détails. La morphologie du grand paysage, d’abord. Ces montagnes de Turquie qui s’avancent et dans les derniers plissements desquelles s’insinuent les infrastructures autoroutières majeures et des villes en grappes. Le Bosphore relie les deux mers, et on voit ses rives presque urbanisées de part en part, deux mondes que deux ponts ne parviennent de toute à évidence à unir. Butinage incessant des ferrys d’un port l’autre, zigzagant entre les cargos, tankers et rouliers. Rapportée à cette échelle de la mégapole, l’anse de la Corne d’Or se devine à peine, réservant ses apprêts pour le regard de haute civilisation : depuis le bateau venant de l’embarcadère d’Harem, les sept collines, la tombe de Pierre Loti ou la tour de Galata. Depuis la tour Sapphire, les quartiers s’individualisent aisément, avec les marqueurs territoriaux que sont les mosquées — toutes coupoles sur le modèle du grand Sinan, même les plus récents lieux de prière — ou les cimetières, et les césures des voies rapides. On voit les plans en damier, en arrêtes de poisson, mais aussi, nombreux comme à Rome, les quartiers au dessin légèrement concentrique. À la différence du Caire, ou le paysage urbain est d’une couleur uniformément sable, pas de toit terrasse mais des tuiles et des façades peintes.

Le sentiment que livre cette contemplation, est qu’une ville s’étale à perte de vue, dont la densité explose, mais que des structures héritées en contiennent fermement la progression, partie de la géographie, partie des plans d’urbanisme.

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Auparavant

L’abribus

Ensuite

Photo Tram

6 Commentaires

  1. […] tramway me libère du rêve de la vue à vol d’oiseau sur le paysage urbain : il est une plateforme mobile d’observation qui m’introduit à […]

  2. aymeric
    à

    Super description d’une vue qui assurément ne peut laisser personne indifférent ! De toute évidence vous avez bénéficié d’une météo clémente pour voir l’ampleur de la mégapole, veinard !

  3. mélanie
    à

    j’y suis montée avec Aymeric, mais je n’ai pas osé approcher des baies vitrées… vertige paralysant!
    grâce à ces photos, je me rends un peu mieux compte, et je regrette d’avoir été froussarde!
    Avez-vous vu l’animation en 3D en haut de la tour?

  4. Non, l’animation 4D n’a pas retenu nos suffrages 😉

  5. […] haut de Sapphire, brillent encore l’Euphrate et le Tigre de la Syrie en sang, et plus loin, […]

  6. […] Artemisia vulgaris. Le plant de roquette Eruca sativa aperçu contre une clôture au pied de la Tour Sapphire dans le quartier moderne du Levent a-t-il quelque chance de […]

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