Tiens donc. Alors que les médias nous informent d’une éventuelle « menace terroriste » en Europe, voici qu’au détour d’un regard, je surprends Superman qui guette la place du Capitole depuis les toits du bâtiment éponyme. Toulouse, près de dix ans après l’explosion de l’usine AZF, serait-elle sous une imminente menace? La présence de Superman nous rappelle en effet qu’il entre systématiquement en scène pour une entreprise salvatrice… précédée de quelques dégâts. Mais, dans le même temps, le sachant invincible, chacun peut continuer à siroter tranquillement, en plein soleil de début octobre, à la terrasse du Florida, ou bien acheter des tomates sur le petit marché bio, qui sont ici trois fois plus chères qu’ailleurs. Superman veille dans son collant au couleurs criardes. C’est d’ailleurs une conception discutable du respect de l’ordre et des forces de l’ordre.

Moi qui avait un zoom un peu puissant, j’ai pu constater qu’il n’est pas aussi filiforme qu’au cinéma: Clark, ton embonpoint trahit ton âge et tu sembles maintenant plus à ton aise dans le fauteuil moelleux d’un commissaire divisionnaire de Metropolis. Car, quand bien même il puiserait son énergie et sa puissance dans ses origines kryptoniennes, Superman est né en 1932 et il approche à grands pas des quatre-vingt ans! Mais, je souscris entièrement à l’analyse d’Umberto Eco: Superman est intemporel, lui qui veille, depuis le Capitole, siège du pouvoir local depuis la fin du Moyen-Âge, sur le tracé de l’ancien cardo de la ville romaine et face à une brasserie bourgeoise de l’hypercentre, issue du dix-neuvième siècle (et qui le revendique haut et fort). « Moun païs » et sa pincée de tuiles ne craignent rien.

En revanche, c’est bien la première fois que je croise un super-héros. Enfin… je crois car, si j’en avais déjà rencontré un, alors il était incognito. Mais on ne se méfiera jamais assez des journalistes au Daily Star! Ceci dit, à choisir, j’aurais préféré l’incroyable Hulk, ses adversaires qu’il envoie à plusieurs mètres de haut et qui retombent en fracassant les capots des voitures. Mais Superman, c’est déjà pas mal, ne boudons pas notre plaisir.

Vous pouvez télécharger ici l’article que Umberto Eco a consacré au « Mythe de Superman » en 1976.