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Shanghai Mao Club

Shanghai Mao Club

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Jérôme Wurtz écrit filmant ou filme écrivant, toujours recourant à l’image. Il y avait donc comme un paradoxe à ce qu’il nous propose un film sans image à faire figurer dans nos Mythologies shanghaiennes.

Retour (en papier) est le scénario d’une fiction de pèlerinage de cinq jeunes Français d’aujourd’hui vers une utopie perdue, ou pour une uchronie retrouvée… Ces « jeunes instruits » venant longtemps après la Révolution Culturelle à Shanghai sur les traces d’une mémoire fabriquée, Jérôme les projette en figures inversées de l’époque, la nôtre, absurde époque, dans la camera oscura du simulacre capitaliste. Ici, on manipulera jusqu’aux images des images. Voici que Mao apparaît enfin dans la caverne. Récit d’une apparition… en images.

 

Le véhicule ralentit devant un club : MAO CLUB. La file d’attente cosmopolite est dans une certaine excitation. La porte arrière s’ouvre. Le guide leur demande de le suivre. Ils sortent un à un dans un ralenti léger. Ils sont habillés du costume traditionnel gris à col Mao, assorti d’une casquette grise avec une petite étoile rouge. Les lumières roses et bleues du MAO CLUB, se reflètent sur eux. Le guide ouvre le chemin, ils suivent puis ils rentrent dans le club passant devant tout le monde.

Un escalier en colimaçon. Lumière bleue. Le blanc de la couture du costume ressort, ainsi que leur blanc des yeux. Une salle haute et grande, des lumières bleues, roses, un bar au centre. Du monde, les uns sur les autres dansant sur la même musique que celle du taxi. Le guide les mène à une table. Une bouteille d’alcool blanc glacé, teinté par les néons bleus. Ils trinquent et absorbent le liquide bleu. Ils se resservent. Alexis dit une phrase incompréhensible, couverte par la musique. Les autres la répètent.

Ils regardent le public. Sur les murs sombres de la boîte les dazibao de l’université de Pékin apparaissent dans un lettrage rouge semblable à celui de l’université de Pékin. Une affiche de propagande montrant une jeune femme au premier plan, armée d’un marteau et d’un burin tapant sur un rocher. Sourire et bonheur se lisent sur son visage concentré. Au fond un pont est en construction. L’image s’anime. Les personnages de l’affiche construisent le pont. Les usines au fond crachent de la fumée.

Le public du MAO CLUB, toujours si contemporain, se transforme sous l’apparition d’une lumière rouge. On distingue une silhouette. Un homme : Mao. Le public est transformé en Gardes rouges. La musique évolue vers une autre musique pop / dance plus épurée. Les Gardes rouges effectuent des danses de propagande dignes de l’Opéra populaire de Chine. Mao, le bras gauche dans le dos et le droit en l’air, saluant toute la foule de la main. Au passage de son bras, les danseurs / Gardes rouges forment comme une mer ondoyante. Mao arrête son mouvement devant notre groupe. Un des projecteurs de la salle, suivant le regard du Timonier, les éblouit. Ils ne voient plus que sa silhouette.

Une phrase écrite sort de la bouche de Mao : « S’armer de résolution, ne reculer devant aucun sacrifice, surmonter toutes les difficultés pour remporter la victoire. »

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