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Une île dans le bitume

Une île dans le bitume

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Constantinople derrière moi. Étrangement pour qui sait l’appétit de cette urbanisation folle, le no man’s land subsiste encore pour signifier, une fois passées les murailles, que Stamboul ne m’accompagnera pas jusque là. Davantage frontière que transition, espace d’une avant-garde post-exotique qui fait le siège de la vieille ville. Purgatoire du choix de civilisation. La toponymie appelle ce sentiment. Pensez, “Cevizlibağ” ! Cevizlibağ, c’est beau comme un conflit de civilisation entre statues de sel. Regrets du conquérant ou regrets d’avoir cédé, amers sous un ciel sans nuages entre lesquels le soleil de plomb n’arbitre pas.

Mais nous ne sommes pas en 1453. Ici, l’arrêt du Tram N°1 vient simplement au voisinage de l’autoroute D100, le Métrobus au milieu, des stations de dolmuş sur les côtés. Et puis des gens affairés partout, empruntant la passerelle piétonne et allant on ne sait où. Cimetières d’un côté, ateliers et plateformes logistiques de l’autre. Ceux qui restent et ce qui bouge. Rien ne communique, tous fuient, le bruit de leurs pas couverts par celui des moteurs.

Et puis cette île dans le bitume, un mirage désuet dans le désert, réconfortant comme un néon criard dans une nuit de blues. Je crois que ce fut le meilleur lieu où il m’a été donné l’occasion de m’interroger sur ce que je pouvais bien faire .

*

Auparavant

Yahya Kahya — Choses qui montrent qu’un quartier ne dure pas

Ensuite

Hagia Sophia — Sacrée sagesse

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