Accueil»Écritures»LANGUE URBAINE»
Mississippi Road — relations urbaines #9

Mississippi Road — relations urbaines #9

1
Partages

Ici, comme tous les jeudis, un instant dans une ville, de ceux qui signifient qu’on était là, pris dans la trame des mots des autres. Ici, Urbain, trop urbain les relate et rien n’aura eu lieu, que le lieu, excepté, peut-être, une constellation…


Tu prends la route vers le sud, enfin, ce que tu crois. D’abord des ronds points, des échangeurs, une zone industrielle. Highway au-dessus des bayous. Là, tu tournes à droite, après le pont cantilever et tu longes les digues. La ville s’effiloche. Sur la droite, les maisons se font baraques, les baraques des baraquements. Et quelques arbres en vrac. De grandes bâches bleues sur les toits qui s’arrachent. Devant, le petit panneau en bois : to rent. Tu parles d’une rente… les planches clouées aux fenêtres cassées et dans les jardins, poussettes rouillées, tables bancales, chaises dépareillées, des trucs colorés mal posés. Sur la gauche, la digue le long de la route toute droite. Tu ne vois pas le Mississippi, ni Tom Sawyer, ni Huckleberry Finn. Il n’y a personne. La route devient jaune, les arbres, la digue, l’herbe. À l’horizon court se dresse une raffinerie de sucre. Silos, containers, passerelles. Tu passes dessous et tu jettes un œil au tuyau qui se déverse dans le Mississippi que tu ne vois pas. Sur le parking en contrebas, des pick-up peut-être cent, peut-être deux-cents. Tous ces galons de pétrole au mètre carré, ça te rappelle que la Louisiane sans Bush, c’est la richesse même plus que le Texas. Mais la Louisiane sans Bush, c’est Nola sans Katrina… Et la digue et la route ne se séparent pas. Une enseigne à droite, Friendly Quick Stop. Tu peux t’y arrêter pour quelques nuggets au piment. Mais la rencontre avec le sud, c’est plus loin. Tu te gares le long de la levée, tu y montes et tu vois le large bras, plus large que tous ceux que tu as pu voir, avec une barge plus longue que toutes celles que tu as pu voir. Plus loin, une église en bois, un garage Ford, une maison en bois. Tu veux en faire le tour et là un vieux Tompson sort avec sa carabine. Il te regarde avec des yeux de vieux chat gris. Si tu t’approches la carabine se braque et tu entends un déclic.

*

Alors tu poursuis ta route le long du Mississippi.

*

*

*

Auparavant

Le lendemain de la veille urbaine #23: le patrimoine

Ensuite

Le lendemain de la veille urbaine #24: la relation

2 Commentaires

  1. […] de nous-mêmes — au fait, c’était la semaine dernière le premier anniversaire du site et le centième billet publié ! — qu’on invite à sa […]

  2. […] Nouvelle Orléans transcende cela. Dans son implantation originelle, au croissant d’un lacet du Mississippi, elle disait son acceptation du jeu tragique de l’accident… en […]

Commenter cet article

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>