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Pas folles, les herbes #4 Hambourg

Pas folles, les herbes #4 Hambourg

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C’est une ville, avec des canaux, de grands immeubles de briques, des places, un lac intérieur, des passages commerçants, un opéra en chantier, un port rugissant au loin et de monstrueuses sauterelles sur les quais. Voilà pour le décor.

Mais baissons un peu les yeux vers le sol… elles sont toutes là, ou presque ! L’arroche, l’armoise commune, le pâturin, la matricaire odorante, le séneçon jacobée et le séneçon commun, la laitue serriole, la crépide élégante, la lysimaque commune, l’ortie, l’épilobe hérissé, le pissenlit,  la passerage à larges feuilles, ou bien à fleurs denses, la bourse à pasteur, et le galinsoga cilié… elles sont chez elles.

Comment ça ? Pas de désherbants, pas de jardiniers, pas de grilles autour des acacias qui bordent les rues, pas de béton pour masquer les herbes sauvages, les adventices, les indésirables ? Dans les rues près du port quelques mahonias, témoins d’un temps où l’on cultivait des plantes ornementales, tentent de survivre parmi de vigoureuses  habituées des friches et des décombres.  Le long des canaux, entre les pavés, sur les rives de l’Elbe, sur la Place du Rathaus, autour des églises, des entrepôts marchands, sur les ponts, sous les ponts, partout où un peu de sable, un peu d’humus apportés par le vent et la pluie peuvent se glisser, elles poussent à loisir. Qu’il y ait quelques conflits internes à cette population, que l’exubérance de l’armoise embarrasse le plant de seigle, ou d’orge, voilà qui est possible. Il semblerait que pour une fois les hommes ne s’en sont pas mêlés.

Et pourtant… Le 24 Février 2008 une alliance entre les Verts et la CDU prend le pouvoir régional à Hambourg. Les Verts sont en charge de l’environnement. Puis Hambourg devient en 2011 capitale verte de l’Europe. Et vous trouverez sur la toile d’innombrables articles à propos des intentions écologiques de Hambourg, du laboratoire d’urbanité qu’est cette ville, de ses maisons passives, de son immeuble construit en algues, de la conquête d’espaces verts, des énergies renouvelables, des alternatives à la voiture, des bus hybrides, de la dépollution du port…

Mais de la fleur sauvage, de la modeste des friches, dont les vents de la ville font voler les graines et qui prospère dans ses interstices : pas un mot, rien. Tout se passe comme si elle était encore l’inconnue, l’invisible, l’absente de tout bouquet, l’oubliée, la passante empressée à vivre et à témoigner de la bienveillance des hommes, pour une fois.

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