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Matthieu Duperrex

Matthieu Duperrex

Philosophe, co-fondateur et directeur artistique d'Urbain, trop urbain.

Breguet en carte postale toulousaine

Hasard de l’histoire ou prédestination que construit à rebours la mythologie urbaine, les halles d’aviation bâties par Latécoère initient la grande épopée de l’aéronautique toulousaine. Un aéroplane non moins mythique devait marquer cette époque de fondation, le Breguet 14. Retour sur cette histoire…
Floating sauna_Ryo Yamada

Nous voulons nous engouffrer dans la ville, habités par un «sentiment océanique». La ville en immersion des pratiques urbaines ne se résout pas dans les stratégies de captation de l’attention. Exfiltrant le matériau poreux de ses ambiances, elle nous apparaît comme une fable à la poétique de laquelle nous pouvons contribuer.
The battle of megastructures

La non-géométrie ouverte, non fonctionnaliste, et si possible impermanente d’une architecture opposée aux systèmes plastiques fermés s’est développée dans les utopies des années 1960-1970. Le compas et l’équerre laissent place à l’imaginaire topologique.
Locomotive et drive in

On ne réécrit pas impunément la poétique du Transsibérien de Cendrars, lui dont l’écriture dit «la moëlle chemin-de-fer» et fait courir après ça tous les trains d’Europe derrière elle. Mais doubler la vie du trajet par l’invitation au voyage de la littérature, et conduire ces lignes d’existence aussi parallèles que deux rails: cela, c’est la magie du chemin de fer.
Town bridge_Brodsky et Utkin

Les villes «de papier» brulent moins aisément que nos arbres. De bien anciennes utopies demeurent neuves, alors que beaucoup de ce qui sort des cartons ne vaut pas la pâte à papier. Tout cela est bien mystérieux. Ainsi que le clame notre poète favori Serge Pey — lui qui rend les poissons rouges funambules —, «Dieu est un chien dans les arbres».
Grand Palais_salon_1909

Le voile vaporeux de protection d’un chantier fait figure de structure minimale et en même temps continue. De même, le tracé lumineux des processions nocturnes des avions à réacteur dans un air devenu dense pourrait être la première tension architecturale de notre ciel étoilé.
Lumière

Nous sommes dans une cathédrale de lumière avec ses oculi, et la toile translucide réfléchit la structure de la charpente métallique. La course du soleil dans la verrière crée tous les accidents visuels possibles à la surface, ténue et parfaite, de cet étrange vortex. À l’intérieur, on « mange » donc la lumière, une atmosphère cotonneuse qui devient de plus en plus ouatée à mesure que la journée avance et que l’air de la voute, où sont les prises de soufflerie, se réchauffe.
Panopticon— ©All rights reserved by Jonathan Gales

Peut-être que l’ère de l’architecture monde ouverte avec un Le Corbusier chevauchant en avion les fuseaux horaires est-elle amenée en définitive à se refermer, en silence, dans les friches fuyantes de la banlieue. Il faut prendre le risque de cette dissolution sans promesse.
Plan Roussel détail

Je voyais couler mon sang, comme j’aurais vu couler un ruisseau, sans songer seulement que ce sang m’appartînt en aucune sorte. Je sentais dans tout mon être un calme ravissant, auquel chaque fois que je me le rappelle je ne trouve rien de comparable dans toute l’activité des plaisirs connus.
L'accident vous guette—©Urbain, trop urbain

Il faut sauver les phénomènes (sôzein ta phainomena), comprendre que ce monde va vers des «agencements d’écumes», comme le décrit Sloterdijk, et qu’il est plus que jamais utile — et beau ! — de quitter le fétichisme de la substance pure.